Un foyer d’Influenza aviaire dans le Tarn (H5N8)
De nombreux cas d’Influenza aviaire H5N8 ont été détectés en Europe (Allemagne, Autriche, Croatie, Danemark, Hongrie, Pays-bas, Suède, Pologne, Suisse, Russie, Finlande, Ukraine, Roumanie) depuis fin octobre en majorité dans la faune sauvage (nombreux cas chez des oiseaux migrateurs) ou dans des élevages. A titre d’exemple, en Allemagne, ce sont 13 élevages qui sont désormais touchés et 12 des 16 länders ont déclaré des cas (faune sauvage et/ou élevages). Des cas ont également été déclarés en Israël et en Egypte. Un bilan de la situation sanitaire est réalisé chaque semaine et disponible ici : http://plateforme-esa.fr/article/recrudescence-de-foyers-d%E2%80%99iahp-h5n8-en-europe-en-octobre-et-novembre-2016-actualisation-au-2
La survenue de ces cas n’est pas étonnante à ce moment de l’année qui est la pleine période de migration d’hiver des oiseaux sauvages. Les animaux eurasiens, avec le froid, se rapprochent de zones où il fait meilleur pour passer l’hiver, en s’arrêtant dans les pays d’Europe de l’Ouest, pour ensuite continuer vers les pays chauds africains.
Le virus identifié est H5N8. Aucun cas humain lié à ce virus n’a été signalé dans le monde à ce jour. Les premières analyses indiquent que le virus n’a pas de caractère zoonotique
Certains territoires présentent un risque accru de transmission de la maladie de la faune sauvage aux animaux d’élevage, notamment les zones humides qui concentrent la faune sauvage et constituent des arrêts sur la route des oiseaux migrateurs. Afin de protéger les élevages avicoles de ce risque de contamination, le Ministère de l’agriculture a immédiatement réagi en élevant – de « négligeable » à « élevé » – le niveau de risque vis-à-vis de la maladie dans les zones définies comme à risque particulier (par arrêté du 16 novembre 2016).
Concrètement, cette élévation du niveau de risque a entraîné dans ces zones :
- Le renforcement des mesures de biosécurité : confinement obligatoire ou pose de filets permettant d’empêcher tout contact avec les oiseaux sauvages, pour tous les élevages de volailles non-commerciaux (basses-cours) et pour les élevages commerciaux de volailles, sauf dérogation précisée dans l’arrêté modifié du 16 mars 2016.
- l’interdiction des déplacements de canards appelants utilisés pour la chasse au gibier d’eau.
Pour rappel, sur l’ensemble du territoire, les mesures de biosécurité définies par l’arrêté du 8 février 2016 doivent impérativement être mises en place dans tous les élevages qu’ils soient commerciaux ou non.
La surveillance de la faune sauvage a également été renforcée : réseau de surveillance de l’ONCFS et de la FNC (Sagir).
Malgré ce niveau de vigilance élevé, samedi 27 novembre, des résultats positifs ont été confirmés par le Laboratoire national de référence de l’Anses sur 20 canards sauvages situés dans la commune de Marck (Pas-de-Calais) et utilisés comme appelants pour la chasse. Les canards ont été trouvés morts par le réseau de surveillance de l’ONCFS le 17 novembre. Les canards atteints ont été trouvés par le réseau Sagir le 17 novembre.
Des mesures de gestion ont été immédiatement mises en place par la Direction départementale de la protection des populations :
- abattage de tous les appelants du site et des appelants d’un autre détenteur situé à 4 km de Boulogne dans la commune de Baincthun qui avaient été en contact avec les canards du premier site.
- surveillance renforcée par des visites systématiques de vétérinaires dans tous les élevages situés aux alentours des deux sites pour s’assurer de l’application stricte des mesures de confinement et de biosécurité.
Jeudi 1er décembre, un premier foyer a été confirmé dans un élevage de canards situé dans le département du Tarn (commune d’Almayrac). Une forte mortalité des canards avait été signalée et a entraîné des prélèvements pour analyse. Parmi les 5000 canards que comportait l’exploitation, 2000 canards sont morts. A ce stade, l’hypothèse privilégiée de contamination est celle d’un contact avec la faune sauvage, ces oiseaux ayant accès à un parcours extérieur.
La DDPP du Tarn a là encore immédiatement mis en place les mesures de gestion et de protection, en conformité avec la réglementation européenne. Les canards de l’exploitation infectée vont être abattus. Une zone de protection de 3km et une zone de surveillance de 10km vont être mises en place autour de l’élevage.
- dans la zone de protection des 3km : tous les animaux sensibles au virus de la zone vont faire l’objet d’une visite vétérinaire, et de prélèvements pour les palmipèdes. Ces animaux sont bloqués, et, selon une analyse de risque en cours, pourront être abattus préventivement sur place afin de prévenir tout risque de diffusion de la maladie.
- dans la zone des 10 km : les animaux sensibles des exploitations ne peuvent sortir de la zone que pour être abattus dans un abattoir sous réserve qu’une visite vétérinaire ait été réalisée et pour les palmipèdes spécifiquement, des résultats des prélèvements par PCR doivent être obtenus pour tout départ à l’abattoir).
Enfin, des abattages préventifs vont également être réalisés dans les exploitations liées épidémiologiquement au foyer détecté (identifiés grâce à l’enquête de traçabilité aval). Des zones de surveillance vont être également mises en place autour de ces exploitations liées; une zone de protection de 3 km ainsi qu’une zone de surveillance de 10 km vont également être mises en place.
Enfin, au vu du potentiel de diffusion très élevé de ce virus H5N8, le ministère de l’agriculture a saisi ce jour l’Anses afin d’évaluer la pertinence de placer l’ensemble du territoire national en « zone à risque élevé ».
Même s’il s’agit d’un épisode différent de l’épisode 2015-2016 qui avait touché le Sud-Ouest de la France et qui portait sur des souches différentes (H5N1, N2 et N9), la découverte de ce premier foyer d’H5N8 dans un élevage commercial du Tarn ne permet pas de recouvrer le statut indemne de la France au regard de l’influenza aviaire, initialement envisagé le 3 décembre prochain. Pour autant, les normes internationales de l’OIE sur la « régionalisation » des maladies animales doivent s’appliquer, et les exportations des produits de l’aviculture française doivent se poursuivre.
Le Ministère de l’agriculture appelle à la vigilance de tous les acteurs : éleveurs, chasseurs, propriétaires particuliers de basses-cours, autres détenteurs d’oiseaux, vétérinaires, etc. afin de tout mettre en œuvre pour nous protéger de la propagation de ce virus.
Source D.G.A.L. – GDS France