BVD : DES PERSPECTIVES ENCOURAGEANTES…
Pour la seconde année consécutive, les éleveurs de bovins allaitants adhérents au GDS 64 se sont vus proposés un dépistage vis-à-vis de la BVD. Cette année, une majorité des analyses a été réalisée directement sur les tubes de prophylaxie (pour 90% des cheptels programmés), ce qui a permis d’augmenter le nombre de cheptels dépistés tout en facilitant la méthode de prélèvement. A l’issu de la campagne 2015/2016, 2989 élevages ont réalisé ce dépistage. Le nombre de nouveaux cheptels positifs s’évalue à 150 soit environ 6%. D’un point de vue géographique, il semblerait que les cantons situés sur le piémont pyrénéen (en particulier les cantons de : Nay, Arudy, Laruns, Oloron, Accous, Saint-Jean-pied-de-Port), soit cette année plus impactés que les autres. Un travail de sensibilisation auprès des éleveurs de ces secteurs devrait être engagé prochainement.
UN DEPISTAGE PRECOCE QUI PERMET DE LIMITER LES PERTES D’ELEVAGE…
51% des cheptels positifs ont mis en place une stratégie de lutte contre la BVD (vaccination et/ou plan GDS). A ce jour, 55 « Nouveaux » plans de lutte ont été ouverts suite à des résultats positifs au dépistage 2015/2016.
A l’issu des analyses réalisées dans le cadre de ces plans de lutte, 42 bovins ont eu une analyse PCR positive.
POUR LA CAMPAGNE 2016/2017…
Pour la campagne à venir, l’action est reconduite. Il a été décidé de ne pas modifier le protocole. Un courrier d’information a été envoyé à chaque élevage pour les informer des analyses à réaliser.
DEPISTAGE ET ELIMINATION DES IPI : UNE ETAPE ESSENTIELLE POUR L’ASSAINISSEMENT…
QU’EST-CE QU’UN IPI ?
Un IPI (Infecté Permanent Immunotolérant) est un animal dont la mère a été en contact avec le virus de la BVD lorsqu’elle était gestante, entre le 2ème et le 5ème mois de gestation.
Ces bovins sont très dangereux pour un élevage puisqu’ils excrètent le virus massivement toute leur vie et ne développent pas d’immunité (un IPI sera toujours séronégatif et PCR positif lors des prises de sang). Un bovin IPI est parfois reconnaissable par son aspect : veaux chétifs, avec d’importants problèmes de croissance et/ou un vilain poil. Mais ils peuvent aussi présenter un aspect, une croissance et une conformation tout à fait normale. Il convient donc être vigilant et ne pas se fier uniquement à l’apparence physique.
Ces animaux sont très contagieux, et même si dans la plupart des cas ils meurent avant l’âge de 2 ans, il peut arriver que certains d’entre eux survivent au-delà. Dans ce cas, si la vaccination du cheptel n’est réalisée que sur une courte période, et qu’il n’y a pas de dépistage sur les jeunes, une rechute peut arriver lors de l’arrêt de cette dernière. De plus, la présence de ce type de bovin renforce le phénomène d’immunodépression (baisse de l’immunité) sur les jeunes que l’on peut observer couramment lors d’un passage viral. Les épisodes de mortalités et/ou morbidité (épisode de grippe, diarrhées néonatales,…) sont ainsi favorisés. D’une manière générale, ils retardent considérablement l’assainissement du troupeau. Ils sont donc à éliminer en priorité.
TEMOIGNAGE DU Dr. Vétérinaire Thierry CAZAJOUS (Cabinet Vétérinaire du Piémont à Mirepeix)
La BVD (diarrhée virale bovine ou maladie des muqueuses) est causée par un virus qui circule largement dans les troupeaux bovins en France et dans les pays limitrophes.
La transmission du virus se fait par contact de mufle à mufle entre bovins. L’incubation dure quelques jours puis les animaux excrètent le virus pendant une période de deux à trois semaines (les animaux sont alors dits infectés transitoires). L’animal contaminé ne présente généralement aucun symptôme et développe des anticorps ; il devient alors séropositif vis à vis du virus de la BVD et est immunisé à vie contre cette maladie.
Le principal problème dû à cette maladie réside en la contamination des vaches gestantes séronégatives avant le 5ème mois de gestation car le virus est capable de passer la barrière placentaire et d’infecter le fœtus. En fonction du stade de gestation, on peut alors avoir un retour en chaleur, un avortement précoce ou tardif, la naissance d’un veau malformé ou d’un IPI.
A l’échelle du troupeau, les répercussions sont plus ou moins importantes en fonction du groupage des vêlages. Cela commence souvent par de nombreux retours en chaleur puis par des avortements. De plus, comme le virus engendre une baisse d’immunité, il favorise l’expression d’autres agents pathogènes et donc plus de pathologie sur les veaux (diarrhée néonatales et problèmes respiratoires).
FACTEURS DE RISQUE
La contamination entre les troupeaux peut se faire de différentes façons mais les facteurs de risque principaux sont :
- Les achats d’animaux, d’où l’intérêt de s’assurer que les animaux achetés ne sont pas porteurs du virus (virémie négative à l’achat). Une attention particulière devra être apportée aux vaches gestantes qui pourront présenter une virémie négative mais porter un IPI in utero. Par conséquent, une sérologie BVD devra être réalisée sur les femelles gestantes. Si la sérologie de ces dernières se révèle positive, une virémie devra être réalisée sur les veaux à leur naissance ;
- La transhumance. Il est fréquent de constater que tous les cheptels d’une même estive se sont contaminés sur la même période. Il est donc primordial d’avertir les autres cheptels si un cas de BVD est avéré dans un des troupeaux transhumants afin que des mesures de prévention soient prises ;
- Le voisinage. Il est commun de voir le virus de la BVD progresser d’élevages en élevages à partir d’un foyer initial.
MOYENS DE LUTTE
Une détection précoce du virus de la BVD en élevage est primordiale afin de minimiser les conséquences économiques mais aussi d’éviter la diffusion du virus à d’autres troupeaux. C’est pourquoi le dépistage systématique mis en place par le GDS dans les troupeaux allaitants lors de la prophylaxie annuelle est très intéressant, en ce sens qu’il permet la détection précoce d’animaux séropositifs, notamment sur les jeunes, prouvant que la circulation du virus est récente. En cas de résultat positif dans votre troupeau, il est primordial de gérer correctement et rapidement ce problème et le plan BVD du GDS vous y aidera financièrement. En effet, des aides à la détection, à l’élimination des animaux IPI sur les jeunes bovins mais aussi à la mise en place d’une vaccination vous seront apportées. La vaccination, si elle est réalisée précocement, limitera la propagation du virus dans votre cheptel avec les conséquences pathologiques et économiques qu’elle engendre.
TEMOIGNAGE DE M. Jean-Pierre LABOURDETTE – ELEVEUR A SAUVETERRE-DE-BEARN
M. Jean pierre Labourdette a repris l’exploitation familiale en janvier 1994. Il a su s’adapter et la faire évoluer au fil des années, pour arriver aujourd’hui à une SAU de 90 ha (dont 32 ha de cultures et le reste en prairies), ainsi qu’un cheptel bovin de race Blonde d’Aquitaine de 70 mères environ avec lequel il pratique de la sélection génétique. En 2015, il a rencontré pour la première fois la BVD, maladie qu’il ne connaissait pas…
Comment est apparue la BVD sur votre cheptel ?
C’est en réalisant le dépistage départemental que l’on s’est aperçu que la maladie circulait au sein du troupeau. En effet, suite à la mise en place de l’action (début 2015), nous avons effectué un sondage sur un lot de génisses sentinelles (âgées de 6 à 24 mois) comme préconisé dans le courrier du GDS.
Quelques jours plus tard nous avons été assez surpris du résultat qui s’avérait donc positif.
Le contexte épidémiologique est peu favorable à une contamination par la BVD. En effet, aucun achat n’est réalisé (l’éleveur pratique l’auto-renouvellement du troupeau via l’insémination artificielle en totalité), il n’y a pas de contact inter-troupeaux sur les parcelles et des prises de sang BVD sont réalisés régulièrement sur les bovins qui participent aux concours et/ou foires. Le seul contact possible avec d’autres bovins reste lorsque les opérateurs commerciaux viennent chercher des bêtes. En effet, il peut arriver que des génisses sortent du camion lors du chargement. De plus, je n’avais rencontré à ce moment-là aucune perte, ni même aucun symptôme qui aurait pu m’alerter : rien ne laissait présager ce résultat.
Comment avez-vous réagit ? Qu’avez-vous fait suite à ce résultat ?
Je me suis immédiatement mis en relation avec mon vétérinaire traitant et le technicien du GDS. Après concertation, nous avons décidé de mettre en place le plan de lutte proposé par le GDS, qui à l’époque consistait à réaliser un dépistage sur la totalité des animaux du cheptel.
Dans l’ensemble, la mise en place de ce dernier a été plutôt aisée puisqu’à cette période de l’année, la majorité des animaux se trouvait à proximité du siège d’exploitation. Il était donc plus facile de les rentrer rapidement. De plus, je dispose des moyens de contention nécessaires à la bonne réalisation des prélèvements. Les analyses ont donc pu être faites rapidement et dans de bonnes conditions.
A l’issu du plan de lutte, nous avons finalement dépisté 5 bovins IPI que nous avons fait partir à l’abattoir. De plus, un épisode de diarrhées néonatales est survenu. Par chance, nous avons pu intervenir relativement tôt, ce qui a eu pour effet d’éviter les mortalités. Cela démontre donc qu’il y avait bel et bien circulation virale. Le fait de la trouver très tôt, avant même l’apparition des premiers symptômes a permis de limiter la casse….
Où en êtes-vous aujourd’hui avec la BVD?
Le plan de lutte suit son cours. A ce jour, je n’ai plus aucun symptôme et je conduis mon troupeau normalement. Les dernières prises de sang réalisées dans le but de rechercher le virus sur les veaux sont négatives et des analyses sur génisses sentinelles doivent être réalisées lors de la prochaine prophylaxie afin de voir si le virus circule encore. Je suis toujours régulièrement en relation avec mon vétérinaire et le technicien du GDS. Aujourd’hui, je connais mieux la maladie. Au final, j’estime avoir eu beaucoup de chance car les effets ressentis lors du passage de la maladie sont restés très minimes sur mon exploitation par rapport à ce que l’on peut entendre chez d’autres éleveurs.
Que pensez-vous de l’organisation du protocole de dépistage préventif ?
L’action mise en place par le GDS est utile puisqu’elle cible la maladie non règlementée la plus présente à ce jour sur le département. Elle permet un dépistage collectif et précoce de la BVD, ce qui a pour effet, si on réagit rapidement, de réduire voire d’éviter les pertes d’élevage liées à la maladie. L’accompagnement financier du GDS, même s’il reste partiel (50% de prise en charge) permet de limiter le coût lié à la réalisation du plan de lutte.
Que conseilleriez-vous aux éleveurs se retrouvant dans la même situation que vous ?
A mon sens, il est essentiel d’agir le plus rapidement possible lorsque l’on a connaissance du premier résultat positif. Il est primordial d’aller chercher les informations auprès des structures compétentes au plus vite. Il ne faut pas hésiter à contacter le GDS et son vétérinaire. De la réactivité de l’éleveur dépendra la réussite du plan et l’impact de la maladie sur le troupeau.
De plus, d’un point de vue collectif, il est indispensable de communiquer avec les autres éleveurs (voisins, co-transhumants,…) lorsque l’on est touché par la maladie. C’est en sensibilisant et en diffusant l’information qu’on limitera les risques de contamination.
Propos recueillis par M. Ludovic LASSERRE (Animateur de la filière bovine du GDS 64)
Article réalisée par le GDS 64 et le GTV 64