60 ans… d'actions sanitaires
De nombreux évènements ont marqué la vie du GDS 64 depuis sa naissance en 1954. Des personnalités aussi, qui ont cheminé avec la culture de l’intérêt collectif. Qu’ils soient remerciés comme il convient pour leur disponibilité et la force de leur engagement.
Des temps forts ont été retenus pour matérialiser l’activité de ces 6 décennies. Il y en a d’autres…
C’est le 09 janvier 1954 que, à l’initiative conjointe de la profession et de l’administration, se tenait l’assemblée constitutive de l’Association de Défense contre les Maladies des Animaux du Béarn et du Pays Basque (ADMA). L’idée que la tuberculose ne pouvait être combattue efficacement qu’à partir de l’engagement collectif des éleveurs dans des structures dédiées avait fait son chemin, comme, peu à peu, dans l’ensemble des départements français. Géré pendant une vingtaine d’années par les services de la Chambre d’Agriculture, le GDS se structurait progressivement à partir de 1976, sous l’impulsion du président de l’époque, François BARREYAT, auquel vont succéder Alfred BORDENAVE, Jean Pierre CURUTCHET puis Guy PEMARTIN. En 2003, afin de mieux marquer le lien avec le niveau national, l’Assemblée Générale décidait du changement de nom de l’association : l’ADMA devenait le Groupement de Défense Sanitaire du Béarn et du Pays Basque, ou GDS 64.
1954 : DÉBUT DE LA PROPHYLAXIE DE LA TUBERCULOSE
Au début des années 50, les caractéristiques et les conséquences de la maladie conduisent à imaginer une approche collective pour la maîtriser. La prophylaxie est mise en place dans 10 communes volontaires et s’étend lentement à l’ensemble du département, jusqu’à devenir obligatoire en 1963. La situation s’améliore rapidement. De 50 % de troupeaux infectés, avec un nombre important de saisies à l’abattoir, on passe rapidement à moins de 1 %. Mais la tuberculose est tenace et les outils de dépistage n’ont pas l’efficacité attendue. Il y a toujours quelques cas, chaque année, notamment au nord de PAU. La maladie a fait sa réapparition dans quelques départements, s’est développée dans d’autres.
Elle est revenue au centre des préoccupations des éleveurs de bovins et de leur entourage professionnel.
1962 : VACCINATION CONTRE LA FIÈVRE APHTEUSE
Rendue obligatoire en 1960, la vaccination contre la fièvre aphteuse a débuté en 1962 sur les bovins et a été rendue obligatoire sur les ovins et caprins en 1969. La fièvre aphteuse était LE problème sanitaire de ces années 1950/1960, au regard de sa contagiosité et de ses conséquences sur les animaux (en particulier aphtes sur les pieds et dans la cavité buccale, les empêchant de se déplacer et de s’alimenter). Le nombre de foyers diminue rapidement. Dans les foyers, l’abattage systématique de tous les animaux sensibles à la maladie est réalisé. Ce sera le cas en 1981 pour 7 troupeaux du Pays Basque. En 1990, des considérations commerciales, notamment, conduisent à interdire la vaccination. La maladie réapparaît en Grande Bretagne en 2001, avec plus de 2000 foyers, mais aussi en Irlande (1), aux Pays Bas (26) et en France (2 troupeaux atteints en Mayenne). La grande question posée concerne alors le recours ou non à la vaccination. La fièvre aphteuse est encore bien présente dans le monde et la plus grande vigilance continue à s’imposer vis-à-vis de cette redoutable maladie.
1967 : LA LUTTE CONTRE LA BRUCELLOSE BOVINE
Maladie abortive transmissible à l’homme, la brucellose bovine fait l’objet de mesures de police sanitaire par arrêté ministériel du 13 janvier 1967 : sur les 164 premières déclarations effectuées dans le département, 108 se révèlent positives ! La vaccination des jeunes est réglementée, mais peu appliquée. En 1972, le dépistage débute dans 112 communes, pour se généraliser en 1977. Appliqué au départ aux élevages peu infectés, l’abattage obligatoire des bovins positifs intervient en 1978. Malgré le peu de succès de la vaccination, la stratégie choisie va se révéler, avec le temps, efficace. La situation défavorable de la montagne et du piémont béarnais va nécessiter un protocole particulier incluant la gestion des pâturages collectifs, l’indemnisation des troupeaux interdits d’estive, un nouveau recours à la vaccination et le transport des animaux contaminés à l’abattoir par un véhicule du GDS.
Le dernier cas de brucellose bovine détecté dans le département remonte à 2002… Il y avait 40 % de troupeaux infectés en 1974…
1984 : LA BRUCELLOSE DES PETITS RUMINANTS
Si elle constitue un sujet moins sensible que la brucellose bovine, la brucellose des petits ruminants a frappé de nombreux élevages et aussi quelques familles. Elle constitue, dans l’approche des maladies, un cas d’école : quelques années de vaccination puis une prophylaxie sanitaire avec dépistage et élimination des positifs. La vaccination des jeunes par voie conjonctivale débute en 1983. Les premiers dépistages ont lieu en 1990, puis l’assainissement des troupeaux infectés intervient en 1993. Le dernier foyer remonte à 1998.
La mise en œuvre de cette prophylaxie a nécessité la constitution, au sein de l’ADMA, d’une section « petits ruminants ».
Elle a aussi permis de constater à grande échelle que la vaccination des jeunes béliers contre la brucellose leur assurait également une protection importante contre l’épididymite.
1985 : LA MUTUELLE AGALACTIE
Après un certain nombre d’épisodes, notamment en 1966 puis 1978, traités de différentes manières avec une efficacité inégale, une approche sanitaire est née en Soule en 1985, avec l’objectif de protéger les troupeaux transhumants et d’aider les éleveurs touchés;
La mutuelle Agalactie était née, la réglementation aussi. Elle va s’étendre à l’ensemble du département en 1990. Cela n’empêche pas la maladie de frapper lourdement dans les années 1990, notamment en Béarn, puis à partir de 2007, avec un violent épisode dont des traces se retrouvent encore aujourd’hui dans 200 troupeaux ovins. Maladie cyclique, comme beaucoup d’autres, l’agalactie nécessite un arsenal de mesures de nature à minimiser son extension. Les travaux conduits depuis 2008, au niveau de la recherche d’abord, au niveau du suivi terrain ensuite, permettent d’imaginer pour le futur une action réactive et efficace, à laquelle un vaccin enfin satisfaisant apporterait le renfort attendu.
1990 : LES CAISSES SANITAIRES
La Caisse Sanitaire des Petits Ruminants naît en 1990 d’un besoin et d’une opportunité : besoin exprimé par les éleveurs de les accompagner financièrement et techniquement lorsque leur troupeau est atteint de maladie infectieuse, opportunité liée à la généralisation de la cotisation agalactie, sans oublier l’écoute attentive du Conseil Général. D’un point de vue technique, le remboursement aux éleveurs de 80% des frais de diagnostic permet d’approfondir les recherches et d’améliorer rapidement « le taux d’élucidation ». Collectivement, le travail engagé notamment avec le GTV permet d’améliorer et d’harmoniser les protocoles de diagnostic. En fonction de leur importance, le remboursement conséquent des pertes constitue une certaine sécurité pour l’adhérent du GDS. En 1991, la Caisse Sanitaire Bovine est constituée sur le même principe, à partir d’une partie de l’économie réalisée avec l’arrêt de la vaccination anti-aphteuse. Elle permet surtout, dans un premier temps, d’abonder les aides à l’abattage total des troupeaux infectés de brucellose ou de tuberculose. Au fil des ans, les caisses vont évoluer, avec la mise en place des plans de lutte (BVD, néosporose, paratuberculose, mammites, mortalités des veaux, mais aussi typage tremblante…) et des options, lesquelles, en introduisant un choix pour les éleveurs, ont amélioré la communication et responsabilisé ces derniers. Depuis leur origine, les caisses ont reversé aux éleveurs 4,8 millions d’euros pour l’espèce bovine et 2,7 millions d’euros pour les petits ruminants. En 2013, la CSB+ constitue pour l’espèce bovine une offre supplémentaire de nature à sécuriser sensiblement les éleveurs dans un contexte fragile où un grave incident sanitaire peut avoir des conséquences dramatiques.
1990 : LE TIERS PAYANT
Par le passé, les éleveurs réglaient directement aux vétérinaires et au laboratoire départemental le coût des prophylaxies. Le tiers payant a été mis en place en 1990. Depuis lors, pour ses adhérents, le coût des prophylaxies est facturé par le GDS à l’éleveur. Ce dispositif présente plusieurs intérêts, comme la simplification administrative, la gestion facilitée des subventions et surtout la mutualisation. Ainsi, pour une espèce donnée, les cotisations sont identiques pour tous, quelles que soient les interventions dont le cheptel fait l’objet. Par exemple, les éleveurs qui sont en « zone à risque tuberculose » réalisent, par rapport à une situation dont ils ne sont pas responsables et dans l’intérêt général, la tuberculination tous les ans. Par le tiers payant, le financement est assuré par tous les éleveurs du département. Le tiers payant constitue également un levier pour la mise en œuvre d’actions collectives. Le contrôle BVD à l’achat en est un exemple : la prise en charge du coût de l’analyse incite les éleveurs, acheteurs ou vendeurs, à réaliser ce contrôle et permet ainsi d’améliorer la lutte collective contre cette maladie.
1992 : SANI 2000
La désinfection des étables a été obligatoire dans le département. Et oui ! Pour diverses raisons, ce n’est plus le cas depuis 1982. A cette date, la Chambre d’Agriculture a mis en place un service de désinfection et le GDS a constitué, animé et approvisionné des services locaux de désinfection. Il s’est avéré au bout de quelques années, pour des raisons fiscales notamment, que cet approvisionnement devait être géré distinctement des autres activités du GDS.
SANI 2000 était ainsi créé en 1992, sous forme d’EURL (société à un seul associé), et s’est investi rapidement dans la dératisation. Au fil des années, la société s’élargit aux Landes, au Gers et aux Hautes-Pyrénées, et dernièrement aux départements du Nord Aquitaine (Dordogne, Gironde, Lot-et-Garonne).
L’adhésion de la Chambre d’Agriculture permet d’accroître son activité, au travers de la reprise du service désinfection, du rainurage et de la lutte contre les taupes. Le développement de FARAGO Sud-Ouest, nouvelle dénomination de la société, se poursuit lentement et sûrement, avec un rôle essentiel à l’avenir dans les plans d’urgence.
1996 : LA CRISE DE LA “VACHE FOLLE”
L’Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB) est identifiée pour la première fois au Royaume Uni en 1985. La relation quasi certaine avec la maladie humaine dite de Creutzfeldt-Jacob est établie en 1996. C’est la première crise de l’ESB. Il y en aura une autre en 2000, sans fondement technique particulier. Un changement intervenu dans le processus de fabrication des farines animales est la cause privilégiée de cette maladie due à un prion, un Agent Transmissible Non Conventionnel. Des mesures radicales sont mises en œuvre pour tarir la source de la maladie, et notamment l’interdiction d’utiliser des farines de viande pour l’alimentation des animaux. L’abattage total des troupeaux atteints, vivement contesté, est imposé jusqu’en 2002, année à partir de laquelle il n’y a plus élimination que de la « cohorte » (ascendants, descendants, bovins du même âge). Pour la première fois, les indemnisations sont fixées suite à expertise, selon un cadre qui sera repris plus tard pour la tuberculose. Dans les Pyrénées-Atlantiques, 13 cas ont été détectés, dont le dernier remonte à 2005.
2000 : LA CERTIFICATION IBR
La certification IBR est née de la volonté de mettre en place vis-à-vis de cette maladie des procédures permettant d’attester le statut des élevages. Elle s’adresse aux éleveurs volontaires, lesquels signent l’engagement de respecter un cahier des charges précis, établi et suivi par l’ACERSA (Association pour la CERtification de la Santé Animale en élevage).
Visant au départ les vendeurs de «génétique», elle concerne de plus en plus toute vente de reproducteurs voire d’animaux destinés à l’engraissement. L’implication des éleveurs dans cette démarche évolue certes régulièrement, mais plus faiblement que dans la plupart des départements français. La prophylaxie de l’IBR, applicable à tous les élevages sur des bases moins strictes, débute en 2006. Les résultats ne sont pas non plus à la hauteur des espérances. Dernièrement, GDS France a jeté les bases d’une refonte de ces démarches, dans un double objectif de simplification et d’efficacité.
2007 : LA FIÈVRE CATARRHALE
Redoutée dans le secteur méditerranéen, la FCO est apparue contre toute attente au nord de l’Europe en 2006, puis au Pays Basque fin 2007. Le territoire français a ainsi été pris en étau par deux sérotypes de la maladie, le 8 et le 1. Due à un virus, la maladie est transmise par des moucherons, ce qui explique son caractère saisonnier. Dès l’apparition des premiers vaccins, au printemps 2008, des campagnes générales de vaccination ont été menées durant 3 années. Au delà de la vaccination, de son coût et des pertes économiques, les éleveurs ont surtout été pénalisés par les contraintes commerciales. Après avoir comptabilisé plusieurs dizaines de milliers de cas entre 2006 et 2010, la France a été déclarée indemne de FCO en 2012. Le sérotype 1 est réapparu en Corse en 2013…
Les maladies vectorielles vont peut-être devenir à la mode : le virus de Schmallenberg, dont les conséquences sont réelles mais moindres que celles de la fièvre catarrhale, a été identifié en Allemagne en novembre 2011, puis a fait son apparition en France en janvier 2012.
2010 : LES ÉTATS GÉNÉRAUX DU SANITAIRE
Tenus à la suite de la Révision Générale des Politiques Publiques, les Etats Généraux du Sanitaire ont conclu à la nécessité d’une réorganisation de la gouvernance et à la mise en place de fonds sanitaires. La reconnaissance des GDS comme Organismes à Vocation sanitaire (OVS) régionaux, autour desquels sera construit le schéma de couverture des risques sanitaires, constitue une avancée importante, même si des questions demeurent posées par rapport à certaines filières. C’est dans ce cadre que pourront maintenant être gérées les délégations de l’Etat qui concernent d’ores et déjà les introductions et la prophylaxie bovines. Les GDS ont également constitué le Fond de Mutualisation Sanitaire (FMS) pour les ruminants, lequel a déjà permis que puissent être indemnisés les éleveurs subissant des blocages suite à tuberculose, brucellose ou tremblante.
Dans cette architecture, il est essentiel que la proximité continue à être assurée par des GDS départementaux actifs…