Caractéristiques de la Paratuberculose
La paratuberculose est une maladie connue depuis 1895 chez les bovins. Il s’agit d’une entérite (inflammation de l’intestin) chronique contagieuse et infectieuse appelée “maladie du boyau
blanc” ou “maladie de Johne”. C’est une maladie incurable. Elle touche les bovins, caprins et d’autres ruminants domestiques et sauvages.
La contamination d’un cheptel résulte majoritairement de l’introduction d’un animal infecté. Les élevages touchés en supportent difficilement les répercutions économiques. De plus les programmes de contrôle et de lutte sont délicats et coûteux à mettre en place. Conscients de ce problème, de nombreux Herd Book et UPRA de race ont prévu de nouvelles dispositions à l’entrée de leurs stations de sélection.
Notre département ne fait pas partie des départements des plus touchés par cette maladie. Cependant, chaque année, le GDS fait l’objet de demandes d’ouverture de plans de lutte.
COMPRENDRE POUR AGIR
Germe responsable : Mycobactérium avium paratuberculosis (de la même famille que le bacille de la tuberculose), mycobactérie très résistante dans le milieu extérieur (presque 1 an dans les bouses et environ 6 mois dans les mares).
Les signes cliniques de la paratuberculose ne sont visibles que sur l’animal adulte. Le plus souvent, la maladie se déclenche chez les animaux de plus de 24 mois, au moment du premier vêlage ou après un stress.
Le premier signe est une diarrhée profuse, qu’aucun médicament ne peut arrêter. L’animal se “vide” complètement, tout en gardant bon appétit.
La deuxième phase est un amaigrissement intense du bovin. Celui-ci devient sec, cachectique et ne pourra même pas entrer sur une chaîne d’abattage. Il devient une non valeur économique : il ne reste plus qu’à l’euthanasier.
QUAND FAUT-IL S’INQUIETER ?
Lorsque l’on a une vache ayant de la diarrhée, qui maigrit, sans épisode fébrile et sans perte d’appétit.
Les symptômes n’apparaissent jamais sur l’ensemble des animaux du troupeau en même temps. Souvent, seulement une petite partie sera malade, voire uniquement une ou deux vaches.
Dans tous les cas, il faut appeler son vétérinaire dès que l’on constate une diarrhée profuse sur un animal adulte, juste après le vêlage.
MODE DE CONTAMINATION
C’est une pathologie qui « s’attrape » lorsque le bovin est jeune, avant 6 mois d’âge.
Le bovin se contamine lorsqu’il est sous la mère et devient porteur asymptomatique jusqu’à ce qu’il déclenche les symptômes, dans la majorité des cas à partir du 24ème mois (au premier vêlage).
Le mode de contamination principal du veau est l’ingestion de matière fécale contaminée, de sa mère ou d’autres vaches de l’exploitation : au moment du vêlage, sur la mamelle, au moment de la tétée, dans la litière : les veaux peuvent être contaminés par le colostrum ou même avant la naissance par voie transplacentaire.
QUELS SONT LES ANIMAUX EXCRETEURS
Les bovins infectés malades excrètent très fortement. Ils sont à éliminer en priorité. Mais des animaux infectés excréteurs peuvent aussi ne présenter aucun signe clinique notamment aucune diarrhée. Ces animaux sont dangereux pour la jeune génération car ils entretiennent l’infection dans l’environnement et ils restent difficiles à détecter. Ils sont susceptibles de passer plus ou moins rapidement à un stade de paratuberculose clinique.
Dans tous les cas, un bovin infecté n’excrète pas en continu la bactérie ce qui signifie que les analyses de détection ne peuvent pas systématiquement détecter tous les infectés à un moment T donné. Des analyses répétées dans le temps permettent de mieux appréhender la contamination des bovins.
DIAGNOSTIC
Dès l’apparition des symptômes évocateurs de la maladie, l’animal doit être isolé du reste du troupeau.
L’examen clinique pratiqué par le vétérinaire va permettre d’établir une suspicion de la maladie et le diagnostic différentiel. Car la paratuberculose peut se confondre avec d’autres pathologies : parasitaires (grande douve, paramphistomose, ou ostertagiose), infectieuses (salmonellose, maladie des muqueuses) ou carentielles (cuivre, sélénium, …).
Les méthodes de diagnostic de certitude au laboratoire :
- La bactérioscopie (ou test de Ziehl) : mise en évidence du germe dans les fèces par coloration particulière (de Ziehl). Ce test d’une faible sensibilité n’est utilisé que sur des cas cliniques.
- La coproculture : isolement du germe sur milieu de culture spécifique. La culture est très lente (résultat définitif à 18 semaines).
- La PCR : mise en évidence directe de l’ADN de la bactérie (par amplification spécifique d’un fragment de l’ADN).
Cette technique permet de confirmer un diagnostic (surtout si la bactérioscopie est négative) et est intéressante dans les plans de lutte pour dépister les animaux infectés et excréteurs (même si une partie seulement des excréteurs sera décelée; en effet l’excrétion est souvent intermittente). - La sérologie: mise en évidence des anticorps spécifiques sur prélèvements de sang (par la technique Elisa). Ce test permet le dépistage des bovins infectés (excréteurs ou non). Pour le diagnostic clinique c’est un bon complément à la bactérioscopie mais il permet surtout d’apprécier la pression d’infection d’un cheptel. Il est important de noter qu’aucune de ces techniques ne peut dépister des animaux infectés avant l’âge de 15 ou 18 mois.
QUE FAIRE LORSQU’UN BOVIN EST CONFIRME POSITIF POUR LA PARATUBERCULOSE ?
Il faut l’éliminer le plus rapidement possible de l’élevage afin qu’il ne contamine pas de nouveaux animaux, et l’éloigner impérativement des veaux, les plus susceptibles. Il faudra aussi prendre des mesures de dépistage au sein du troupeau des animaux infectés (sérologie et/ou coproculture selon le cas).
Dans un troupeau, l’animal malade est le révélateur que d’autres animaux sont infectés.